“Enjoy The Violence”, une Histoire Orale des Origines de la Scène Thrash et Death en France
Les scènes nord américaines, anglaises, scandinaves -et plus globalement du reste du monde- ont très largement été documentées dans des ouvrages analysant en détail les premières secousses de ce que l’on nomme aujourd’hui le Metal Extrême. Swedish Death Metal, Choosing Death, Extremity Retained, Glorious Times, Murder in the Front Row, Metalion : The Slayer Mag Diaries, ainsi que quelques autres livres indispensables pour les metalheads les plus insatiables, ont en effet archivé avec minutie les racines de cette révolution stylistique qui poussait la violence musicale dans ses ultimes retranchements. Style souvent incompris et montré du doigt par les autres sphères musicales plus calibrées (mieux installées, distribuées et promotionnées), le Thrash et le Death Metal étaient, à leurs balbutiements, en complète opposition avec ce qui se faisait dans les couches dominantes et convenues de la culture et du music-business. Remettant même en cause la plupart des codes du Classic Rock, du Hard Rock et même du Heavy Metal traditionnel -perçus alors par les jeunes hordes assoiffées de brutalité sonore comme des genres dépassés, boursouflés et engourdis.
La façon de jouer de ces deux styles émergents – jugés juvéniles, primitifs, bestiaux et régressifs, pour ne garder que les compliments-, la manière de l’enregistrer, ses codes graphiques, visuels et vestimentaires, les paroles, les logos, la diffusion souterraine de la musique de centaines de groupes obscurs (et ce, venant des quatre coins de la planète), les publications amateurs photocopiées à quelques centaines (voir dizaines) d’exemplaires, les échanges de cassettes et de courriers, les concerts chichement organisés, etc., absolument TOUS les éléments inhérents à cette scène n’inspiraient que méfiance, incompréhension et dédain de la part de ceux qui ne faisaient pas partie de ce cercle sacré. Jusqu’à ce que ce que la bombe explose à l’échelle internationale et infiltre (et corrode!) toutes les strates des cultures alternatives.
La France, quoique n’ayant jamais été au centre de l’échiquier mondial –ni même européen- de ces sous genres, a cependant, elle aussi, connu une histoire d’une richesse insoupçonnée.
Il était temps de la raconter.
Enjoy The Violence : Une bible de 400 pages qui revient en détail sur les prémices du microcosme Thrash/Death hexagonal (années 1980/90), narré sur le mode de « l’histoire orale », avec des interviews fleuves et inédites de nombreux acteurs de l’époque (groupes, activistes, labels, journalistes, éditeurs de fanzines, tape-traders, illustrateurs, etc.).
Un ouvrage qui capture l’essence même de ces années formatrices, marquées par l’insouciance, la colère, la sauvagerie, le non conformisme mais aussi et surtout la naïveté, la sincérité, le fun et l’amateurisme.
Plus qu’un livre compilant les témoignages de ceux qui ont défriché le terrain, Enjoy The Violence est un véritable guide pour mieux comprendre l’évolution qu’a connu le Metal (sous toutes ses formes les plus extrêmes) durant ces trente dernières années.